Les époux Tiberi constituent un paradoxe vivant : ces deux personnalités, pourtant fort médiocres, ont réussi lexploit de tenir la France en haleine des années durant avec les diverses « affaires les concernant », comme on dit en jargon judiciaire.
Jean Tiberi, maire RPR du cinquième arrondissement de Paris de 1983 à 1995, premier adjoint au maire Jacques Chirac depuis 1983, a pris la succession de ce dernier à lHôtel de Ville après lélection présidentielle de 1995. Il présidait également lOPAC, cest-à-dire lOffice Public des HLM de Paris. Dorigine corse, il est marié à Xavière, corse également, et le couple a deux enfants, un garçon, Dominique, et une fille, Hélène. Celle-ci, « nantie dun placard doré à Air-France », comme lécrit « Le Canard Enchaîné », ne semble pas sintéresser à la politique. Son frère, lui, inscrit en 1992 sur la liste RPR-UDF pour les élections régionales, est le chef de cabinet de Roger Romani, ministre RPR des Relations avec le Parlement dans le gouvernement Juppé et questeur de lHôtel de Ville de Paris, fonction qui permet de distribuer des largesses et prébendes à ses amis politiques. Mais laffaire de son appartement devait pousser Roger Romani à se séparer de lui pour le remplacer par Bénédicte Brissart, ancienne collaboratrice de Philippe Séguin. Néanmoins, durant sa collaboration avec Roger Romani, Dominique Tiberi était salarié dAir-France entre 1993 et 1995, et, à ce titre, perçut la somme de 1 107 747,84 francs. Comme cet emploi était fictif, cette somme dut être remboursée, et elle le fut, non par le fils Tiberi lui-même, mais par le ministère des Relations avec le Parlement... donc par le contribuable !
Enfin, Xavière Tiberi était employée par son mari comme attachée parlementaire, procédé très utilisé par certains élus pour augmenter les ressources familiales ; à ce titre, elle perçut 106 000 francs, versés sur les fonds publics.
Rien ne semblait prédisposer les Tiberi à devenir des vedettes permanentes de lactualité. Pourtant, leur malchance, leur maladresse et celle de leurs alliés politiques semblent se conjuguer pour que chaque année sorte une nouvelle affaire dont les Français font des gorges chaudes. Les Tiberi ne sont sans doute pas étrangers à la chute de popularité de leur parti, qui a valu au RPR la perte des élections législatives de 1997, le retour précoce des socialistes au pouvoir, une troisième cohabitation, et le discrédit quasi-mondial de Chirac.
Trois affaires ont rendu célèbres les Tiberi :
- lappartement de Dominique Tiberi.
- le rapport de Xavière.
- les électeurs fantômes.
On névoquera ici que les deux premières.
Les Tiberi ne sont pas pauvres, même sils prétendent que leur aisance vient de leurs héritages respectifs : version difficile à croire lorsquon sait que le père de Jean était quincaillier, et la mère de Xavière, boulangère. Ils sont propriétaires de leur vaste appartement, cinq pièces au 1 place du Panthéon à Paris un quartier cher, le cinquième arrondissement où Jean Tiberi se fait élire lors des élections municipales, et où habite notamment Laurent Fabius, au numéro 15. Leurs deux enfants, eux, ont reçu en cadeau de leurs parents... quatre appartements dans la capitale ! Cest ainsi que le fils aîné, Dominique, sest vu offrir un cinq-pièces dans le même cinquième arrondissement, rue de Navarre, petite rue huppée qui borde le square des Arènes de Lutèce, et un deux-pièces dans le sixième arrondissement, rue de Vaugirard ce dernier logement acheté en 1987, à petit prix, à une vieille dame de 92 ans. Sa sur Hélène a reçu pour sa part un cinq-pièces rue Lagarde, et un autre appartement de 92 mètres carrés rue Pascal, tous les deux dans le même cinquième arrondissement.
Cependant, les enfants Tiberi nhabitent pas ces logements, ils préfèrent les mettre en location, sassurant ainsi de confortables, réguliers et croissants revenus. Pour se loger, ils ont eu recours... aux HLM de la Ville de Paris, ces logements théoriquement réservés aux Parisiens de ressources modestes, et qui sont attribués sur dossier par lOPAC... que préside opportunément leur père ! Cest ainsi quHélène, locataire durant des années dun appartement HLM de la rue des Bernardins, près de la Seine et toujours dans le cinquième arrondissement, a bénéficié en 1985 dun autre appartement de lOPAC situé rue de Seine, cette fois dans le sixième arrondissement, quartier de lOdéon. Son frère Dominique, lui, a obtenu un vaste appartement de plus de 100 mètres carrés rue Censier, toujours dans le cinquième arrondissement, pour un loyer de lordre de 6000 francs mensuels, et la occupé de 1988 à 1995, date à laquelle la révélation de ce privilège, faite dans le cadre de laffaire Juppé, la obligé à y renoncer sur lordre de son père, cest-à-dire à déménager pour se loger dans le privé. Sa sur Hélène a dû faire de même, et réintégrer lun des appartements quelle possède en propre et qui était devenu vacant. Tiberi avait alors déclaré, sans élégance excessive : « Cest vrai, mes enfants ont fait ça. »
Cest à Jean Tiberi quAlain Juppé doit, en partie du moins, davoir perdu son propre appartement de la rue Jacob : dès le scandale connu, et alors que le RPR venait de perdre six arrondissements aux élections municipales de 1995, Juppé ne pouvait plus se maintenir sur les lieux sans susciter des comparaisons désagréables avec les enfants Tiberi. Il sen vengera un an plus tard, le 6 juin 1996, alors que laffaire de lappartement de Dominique Tiberi revient dans lactualité : en évitant de se faire photographier avec Tiberi lors de la réception des maires de France dont les villes accueilleront la Coupe du Monde de football en 1998.
Il aura donc fallu un an après ce déménagement du fils Tiberi pour que lopinion publique, ayant tourné la page sur lappartement de Juppé, sintéresse à cette affaire : en 1995, en effet, et la Justice ayant cherché à en savoir davantage, lappartement de Dominique Tiberi est revenu au premier plan de lactualité judiciaire.
Le 30 mai 1996, le juge Halphen, de Créteil, chargé de lenquête sur les HLM de Paris, procède à laudition de François Ciolina, polytechnicien dune soixantaine dannées, ancien directeur général adjoint de lOPAC. Sestimant lâché par ses anciens amis, Ciolina renonce à jouer les boucs émissaires et met en cause Tiberi à travers le traitement de faveur accordé à son fils Dominique. Durant une audition de quatre heures, il décrit au juge comment, sous la houlette du directeur général de lOPAC Georges Pérol, placé à ce poste par Chirac lorsquil était maire, les marchés étaient « arrangés » au profit des entreprises qui consentaient à verser des commissions au RPR. Or, Pérol ne faisait rien sans consulter Tiberi, alors premier adjoint au maire et président de lOPAC. Pour les constructions neuves de lOPAC, représentant un marché de 300 millions par an, Ciolina rapporte quil « ny avait que deux ou trois sociétés qui déposaient une offre pour un marché donné », ce quil estime invraisemblable pour un marché dune telle ampleur et semble indiquer « un système dentente entre les sociétés », entente évidemment interdite par la loi. Et, en effet, le juge Halphen a déjà établi que le collecteur de fonds du RPR, Jean-Claude Méry, était avisé par fax de lattribution des marchés avant même les bénéficiaires ! Ciolina accuse donc Pérol davoir averti Méry au préalable, ce dernier nayant plus alors quà réclamer aux bénéficiaires leur « contribution au RPR », en remerciement pour avoir été choisis. Si lun dentre eux refusait, Pérol ne confirmait pas lappel doffres : il lui suffisait de ne pas signer « lordre de service » sans lequel aucun chantier ne peut souvrir ! Les mal-logés pouvaient ainsi attendre les nouveaux appartements prévus... Ce schéma fonctionnait également pour la rénovation des appartements anciens.
Cest Ciolina qui fournit au juge Halphen les détails de lattribution à Dominique Tiberi dun appartement en HLM avec terrasse, situé au neuvième et dernier étage dun immeuble de standing du cinquième arrondissement, mentionné par la presse un an auparavant, mais dont lopinion publique sétait alors désintéressée : « Je désire également vous parler des travaux payés par lOPAC dans lintérêt de M. Dominique Tiberi, le fils de Jean. Lorsque lancien directeur général, M. Lemoine, et sa famille, ont libéré lappartement de lOPAC quils occupaient 19 rue Censier, Jean Tiberi a dit que cet appartement conviendrait tout à fait à son fils. Seulement, cet appartement était très grand, sept ou huit pièces sur deux niveaux, et Jean Tiberi souhaitait en faire deux appartements, réservant celui du dernier étage à son fils. [...] Un jour, jai été convoqué par madame Tiberi dans lappartement. Celui-ci était en très bon état. Madame Tiberi a néanmoins souhaité que des travaux soient entrepris, travaux de peinture et de plomberie, mais surtout, cela mavait marqué, elle voulait que lon mette du marbre sur toute la surface de lappartement, qui fait plus de 200 mètres carrés. »
Il faut ici noter, que Xavière Tiberi, sans fonction officielle, se permet de « convoquer » un fonctionnaire, le propre directeur général adjoint de lOffice des HLM de la Ville de Paris. Embarrassé, ce fonctionnaire en réfère à son supérieur hiérarchique, le directeur général Georges Pérol :
« De retour à lOPAC, je suis allé voir Georges Pérol pour lui exposer le problème, car ces travaux me paraissaient très importants. Georges Pérol ma donné ordre de les faire exécuter. Ces travaux ont été exécutés en 1988 et ont coûté à lOPAC plus dun million et demi de francs. Cest la SAR qui a effectué les travaux de peinture. Par contre, jai oublié le nom du marbrier. Je ne sais pas comment comptablement la dépense dun million et demi de francs a été enregistrée. [...] Pour les travaux de peinture, je précise que ceux-ci ont été effectués à plusieurs reprises, au moins deux fois, car la couleur ne plaisait pas à madame Tiberi. Je me souviens quà un moment jallais pratiquement toutes les semaines voir madame Tiberi dans cet appartement, car à chaque fois il y avait quelque chose qui nallait pas. À chaque fois, je rappelais les entreprises. Javais demandé à Georges Pérol sil y avait une limite dans les coûts des travaux à ne pas dépasser, et il mavait répondu quil ny avait pas de limite. »
François Ciolina affirme également que Xavière Tiberi ne voulait alors même pas entendre parler de loyer pour son fils, ce loyer aurait-il été des plus minimes.
Cinq jours après cette audition, le mardi 4 juin 1996, Tiberi fait répondre par ses collaborateurs que lappartement de son fils ne mesurerait que 90 mètres carrés sans la terrasse ; que le revêtement en marbre (du travertin) naurait été posé que sur 20 mètres carrés, ce que dément Ciolina ; que le reste du dallage aurait été posé auparavant, du temps de lancien locataire M. Lemoine, ex-directeur général de lOPAC, toujours aux frais des HLM. Enfin, que le million et demi aurait servi également à payer les travaux dans lappartement situé en dessous de celui de Dominique Tiberi.
Cependant, même si ce détail est vrai, la facture, rapportée à la surface totale des deux appartements, dépasse le prix des logements de haut de gamme et na rien à voir avec ce qui est dépensé pour des HLM, comme le prouvent les faits suivants : en 1988, durant les travaux dans le futur appartement du fils Tiberi, dautres locataires des HLM ont dû patienter, parfois tout un hiver, pour des travaux effectués par lOPAC. Travaux mal faits : une seule couche de peinture, carrelages décollés par lhumidité, revêtements de sol partant en lambeaux. Là, il navait été dépensé que 80 000 francs par appartement...
Cette affaire offrait à Jacques Toubon, ministre de la Justice, une nouvelle occasion de faire preuve dingéniosité pour tenter de létouffer. Or, le juge Halphen, ayant découvert des faits nouveaux dont il nest pas saisi, se trouve obligé de demander un « réquisitoire supplétif » pour poursuivre ses investigations sur laffaire de lappartement de Dominique Tiberi ; il se trouve donc à la merci dune décision du procureur de Créteil, Michel Barrau, qui peut la lui refuser... quoique ce refus apparaîtrait un peu voyant. Le procureur peut aussi demander une « enquête préliminaire »... mais celle-ci ne peut être traitée quà Paris, où se trouve le logement litigieux, et cest donc le procureur Bestard, cette fois, qui devrait décider. Or, Bestard sest déjà signalé en classant la plainte déposée contre Tiberi pour la même affaire ! Enfin, linstruction pourrait être confiée à un autre juge que le juge Halphen et qui serait plus docile... ou moins rapide ! Cependant, ces manuvres ne pourraient concerner que lappartement du fils Tiberi : pour les autres accusations portées par Ciolina et portant sur les fausses factures, trucages des marchés et pots-de-vin, le juge Halphen na nul besoin, étant déjà saisi sur le fond, de lapprobation de son procureur pour enquêter, ni dun vote de lAssemblée pour mettre en examen Tiberi, qui est député de Paris.
Parallèlement, le juge interrogeait Jean-Claude Méry le 3 juin 1996, notamment sur une somme de 2,5 millions arrivés en liquide dans une valise et disparue le lendemain : Méry se contentait alors daffirmer que cette somme ne lui était pas destinée. Or, les enquêteurs sont persuadés que Méry a ouvert ou contrôle plusieurs comptes bancaires en Suisse ; obtenir des précisions nécessite donc une collaboration avec les juges suisses, que Toubon semploie à ralentir. Tiberi, qui pourtant avait parrainé sa candidature au comité central du RPR en 1986, affirmait navoir jamais travaillé avec Méry, ce que lintéressé lui-même démentait par anticipation, en déclarant au « Canard Enchaîné » en 1994 : « Cest un ami, lui ne mignore pas comme les autres. Si Tiberi devient maire de Paris en 1995, jai bon espoir dêtre appelé à ses côtés ». Espoir déçu à partir doctobre 1994, quand les ennuis judiciaires de Méry ont commencé et que Tiberi le lâchera ostensiblement, prétendant alors ne lavoir pas vu « depuis plusieurs années ».
Le lundi 17 juin 1996, le juge Halphen déposait au parquet une « ordonnance de soit communiqué », cest-à-dire une demande dautorisation lui permettant denquêter sur les travaux dapparat effectués dans lappartement du fils Tiberi : le juge, après vérification, reprenait lessentiel du témoignage de François Ciolina sur les travaux effectué dans ledit appartement, et soupçonnait Jean Tiberi de « prise illégale dintérêt », délit passible de cinq ans de prison selon le Code pénal. En revanche, en ce qui concernait le trucage des marchés de lOPAC, les accusations de Ciolina, insuffisamment étayées par seulement deux notes saisies par les policiers, ne lui permettaient pas de demander la mise en examen du maire de Paris.
En dépit de cette perspective menaçante, et de la rareté des manifestations de soutien de ses amis, il restait à Tiberi quelques partisans, tel son adjoint à la Mairie Didier Bariani, vice-président de lAssemblée nationale, qui, le lundi 24 juin 1996, en pleine séance du Conseil de Paris, annonçait devant les élus de la capitale que laffaire allait être enterrée, et que le maire naurait « jamais à connaître des juges. »
Et, le 25 juin, Tiberi déclarait devant la presse que cette affaire ne lavait pas touché, si elle avait affecté sa femme et ses enfants : « Je sais que, juridiquement, je ne crains rien », affirmait-il. Ce qui ne lempêchait pas de se montrer désormais méfiant, au point de ne plus recevoir le directeur général de lOPAC, Yves Laffoucrière, dans son bureau : il se contentera de le voir, quasiment en cachette, dans le bureau de son conseil spécial pour la communication Jean-Pierre Labro. Ni, de la part de Jacques Toubon, dafficher un certain pessimisme : préposé aux enterrements judiciaires, mais guignant la mairie de Paris, le ministre de la Justice sattendait à perdre son poste au gouvernement sans y gagner le fauteuil de maire...
Fin juin 1996, le procureur Gabriel Bestard enterrait laffaire : lépoque était propice, avec la clôture de la session parlementaire et le début des vacances dété. Et ce nest pas le courrier émanant, dans la première quinzaine daoût, de lAssociation de Défense des Contribuables Parisiens, et demandant à Tiberi de déposer une plainte pour ingérence... contre lui-même (faute de quoi, lACDP pourrait légalement demander au Tribunal Admnistratif lautorisation de saisir directement un juge dinstruction à la place de la Mairie de Paris) qui devait relancer laffaire. Une autre « affaire » allait dailleurs prendre le relais.
Cependant, Pérol a été mis en examen pour trafic dinfluence, ainsi que son accusateur Ciolina. Et, bien que ce dernier répète que Pérol lui « avait retiré tous ses pouvoirs » en 1990 pour le punir, il savère que les deux hommes nont jamais cessé de travailler ensemble jusquà leur départ de lOffice des HLKM en 1993, à tel point que Pérol avait confié à Ciolina de nouvelles délégations de signature, par exemple en novembre 1991, plus dun an après son prétendu limogeage.
Le jeudi 27 juin 1996, le juge Halphen, de Créteil, chargé de lenquête sur les HLM de la Ville de Paris, se présentait au domicile de Tiberi, place du Panthéon, en vue de perquisitionner. Il était, comme le prévoit la loi, accompagné dune greffière, et de policiers de la police judiciaire, chargés de lassister. Cest alors que le patron de la police judiciaire, Olivier Foll, demanda auxdits policiers de refuser leur assistance au juge. Sur ce refus dassistance, qui est sans précédent, Jacques Toubon devait déclarer par la suite quil navait rien à dire ni « aucune opinion à avoir », alors que le ministre de lIntérieur Jean-Louis Debré déclarait, quatre jours après les événements, quOlivier Foll avait « donné les ordres qui convenaient ».
Cette « affaire dans laffaire » connaîtrait sa sanction dans les mois qui suivent, car le comportement du patron de la P.J. était prévu par larticle 224 du Code de procédure pénale, qui prescrit que « la chambre daccusation exerce un contrôle sur lactivité des fonctionnaires civils et des militaires, officiers et agents de police judiciaire » : en clair, le président de la chambre daccusation peut prendre linitiative denquêter sur les fautes commise par les policiers, et cétait bien lintention de ce magistrat, Martine Anzani.
Au cours de sa perquisition, le juge Halphen saisissait un certain nombre de documents, dont le journal intime de Xavière Tiberi, dans lequel elle notait que « Ch. et J. » (Chirac et Juppé) navaient aucune reconnaissance pour celui son mari qui les avait si bien servis, et ajoutait « Nos plus gros ennemis ne sont pas à gauche ». Le juge découvrait également des documents anciens semblant provenir dun dossier dinstruction sur Roland Nungesser, ancien maire RPR de Nogent-sur-Marne, que Jean Tiberi naurait pas dû avoir en sa possession, et sur un rapport rédigé par Xavière sur les « conditions de coopération entre les collectivités locales » pour le compte du conseil général de lEssonne, présidé par le RPR Xavier Dugoin. Ainsi que deux armes à feu, une somme de 20 000 francs dont la moitié en billets neufs de 500 francs, et quelques documents en blanc émanant des Renseignements généraux sur laffaire du financement du RPR, que le maire de Paris naurait pas dû posséder non plus. Lun de ces « blancs » évoquait les transactions quun ancien cambrioleur spécialisé dans les vols de bijoux aurait conclu avec des femmes proches de personnalités de la majorité de droite, dont Xavière Tiberi ; il était accompagné de talons de chéquiers et de chèques émis par Xavière à lordre dudit cambrioleur reconverti commerçant. Quelques heures après la perquisition, Tiberi se verrait dailleurs reprocher, par des fonctionnaires du ministère de lIntérieur davoir conservé ces divers « blancs » au lieu de les détruire ! Mais cette affaire neut aucune suite.
En revanche, le juge Halphen navait pas trouvé ce quil cherchait : la confirmation des accusations de François Ciolina sur les marchés des HLM. Pour poursuivre son enquête, il était donc forcé de demander au parquet un nouveau réquisitoire supplétif, comme il lavait fait, sans succès, pour lappartement du fils Tiberi.
Le « rapport » de Xavière Tiberi lui avait été commandé par Xavier Dugoin, président RPR du Conseil général de lEssonne bien que lépouse de ladjoint au maire de Paris, à cette date, fût déjà employée par son mari comme attachée parlementaire ; pour ce travail, Xavière avait été rétribuée sur la base de dix mois de travail, de mars à décembre 1994, à raison de 20 000 francs par mois : elle avait donc perçu 200 000 francs. Or ce rapport, Réflexions sur les orientations du conseil général de lEssonne en matière de coopération décentralisée, ne contenait que trente-six pages, navait pas été publié, et naboutissait quà une seule proposition : la rédaction dun annuaire des entreprises de lEssonne exportant dans le tiers-monde. Bourré de fautes de frappe et de platitudes, il ne faisait aucune référence aux lois qui régissent la coopération décentralisée, ne mentionnait pas la lettre de mission qui aurait dû être à son origine, ne disait rien des personnes rencontrées ni des documents consultés pour les besoins de sa rédaction. De lavis des spécialistes, il ne présentait aucun intérêt.
Interrogé, Xavier Dugoin fit savoir, le 10 juillet dans le journal « Le Parisien », que Jean Tiberi lui-même lui avait proposé les services de son épouse en juillet 1994... alors que la rédaction de ce document avait commencé en mars ! On devait apprendre par la suite que Xavière Tiberi ne sétait même jamais rendue dans les locaux du Conseil général qui prétendait lemployer. Si la rédaction de son rapport lavait réellement occupée, madame Tiberi aurait, officiellement, travaillé 338 heures par mois ! Autre détail donnant à réfléchir : fin juin 1996, Dugoin décidait de réduire de 1000 francs le salaire mensuel de chacun des deux cents cadres quil employait, soit une économie mensuelle équivalant au prix du rapport de Xavière...
Cette affaire devait dépasser tous les sommets du ridicule quand, linstruction annulée le 4 juillet pour vice de procédure, cest le ministre de la Justice qui est inculpé le mardi 2 septembre 1997 ! Élisabeth Guigou, pas encore ministre, avait, en mars sur TF1, qualifié de « bidon » ledit rapport, et Tiberi avait porté plainte pour diffamation...
Lépilogue de cette affaire eut lieu le vendredi 12 septembre 1997 : Xavière Tiberi bénéficia ce jour-là dun non-lieu.
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Dernière mise à jour de cette page le samedi 19 septembre 2020.